Prenez et mangez, ceci est mon corps de Raniero Cantalamessa
D’un point de vue rituel et liturgique, nous avons aujourd’hui une nouvelle ressource que les Pères de l’Église et les docteurs médiévaux n’avaient pas. La nouvelle ressource dont nous disposons est le rapprochement entre Chrétiens et Juifs. Dès les premiers jours de l’Église, divers facteurs historiques ont conduit à accentuer la différence entre christianisme et judaïsme, au point de les opposer, comme le fait déjà Ignace d’Antioche. Se distinguer des Juifs – dans la date de Pâques, les jours de jeûne, et bien d’autres choses – devient une sorte de mot de passe. Une accusation souvent portée contre adversaires et hérétiques est celle de « judaïser ».
La tragédie du peuple juif et le nouveau climat de dialogue avec le judaïsme, initié par le Concile Vatican II, ont permis une meilleure compréhension de la matrice juive de l’Eucharistie. De même qu’on ne peut comprendre la Pâque chrétienne si on ne la considère pas comme l’accomplissement de ce que la Pâque juive préfigurait, de même on ne peut pleinement comprendre l’Eucharistie si on ne la considère pas comme l’accomplissement de ce que les Juifs faisaient et disaient au cours de leur repas rituel.
Le premier nom par lequel l’Eucharistie est désignée dans le Nouveau Testament par Paul est celui de « repas du Seigneur » (1 Co 11, 20), avec une référence évidente au repas juif dont il se distingue maintenant par la foi en Jésus. L’Eucharistie est le sacrement de la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre le judaïsme et le christianisme.
Au début du repas, chacun à son tour prenait une coupe de vin à la main et, avant de la porter à ses lèvres, répétait une bénédiction que la liturgie actuelle nous fait répéter presque textuellement au moment de l’offertoire : « Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Roi des siècles, tu nous as donné ce fruit de la vigne ».
Mais le repas ne commençait officiellement que lorsque le père de famille, ou le chef de la communauté, avait rompu le pain qui devait être distribué aux convives. Et, de fait, Jésus prend le pain, récite la bénédiction, le rompt et le distribue en disant : « Ceci est mon corps livré pour vous». Et ici le rite – qui n’était qu’une préparation – devient réalité.
Deuxième Prédication de Carême du Père Raniero Cantalamessa, à Rome 2022
Intercessions
R. Amen, amen, béni soit le Dieu d’Israël !
Ou un autre refrain.
1
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
toi qui as pleuré la violence entre Caïn et Abel,
nous te prions pour la paix en Terre Sainte,
cette terre où tu as choisi de venir nous rejoindre dans notre humanité.
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
toi qui as rendu possible la réconciliation entre Joseph et ses frères,
pour tout mépris à l’égard de ton peuple Israël, pardonne-nous.
(silence)
Nous te prions, Père, de faire grandir la fraternité
entre le peuple juif et les nations.
2
3
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
toi qui as fait sortir Israël de l’Égypte et lui as rendu la liberté,
donne ta joie au peuple juif
et garde le fidèle à ton Alliance.
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
toi qui as rendu possible la réconciliation entre Joseph et ses frères,
pour tout mépris à l’égard de ton peuple Israël, pardonne-nous.
(silence)
Nous te prions, Père, de faire grandir la fraternité
entre le peuple juif et les nations.
4
5
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Toi qui as envoyé ton Fils Jésus pour nous sauver,
fais reposer ta bénédiction
sur les chrétiens qui sont d’origine juive.
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Père de Jésus Christ,
rassemble dans l’unité toutes les Églises chrétiennes.
6
7
Père très aimant, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
tu as donné au peuple juif la promesse de la venue du Messie,
tu as donné à l’Église l’attente du retour de ton fils.
Dans l’Esprit Saint, nous disons avec toute l’Église :
« Maranatha, viens Seigneur ! »