par Nina Batungwanayo

Déjà en 2013, huit jeunes engagés dans la politique s’étaient regroupés tout en cheminant dans la mission jeunes au Burundi. Ils ont approché la Communauté pour demander un accompagnement, parce qu’ils sentaient un appel à être acteurs dans la société. En août 2013, ils ont rencontré Père Laurent Fabre, fondateur de la Communauté du Chemin Neuf, qui était de passage au Burundi (cf photo).

La crise politique de 2015 a créé un contexte difficile pour la poursuite de mission: nous vivions les « évènements » sans réussir à s’assoir, à échanger tous ensemble.

Depuis 2018, nous avons à nouveau été interpelés par ce que vit la fraternité politique dans les autres pays, par les jeunes d’ici qui parlent de chômage, de peur pour l’avenir, de rancunes face à l’histoire difficile du pays, de méfiance de la politique. Il y avait un cri, nous ne pouvions pas faire comme si nous ne l’entendions pas. Le discernement a commencé en communauté avec ce que chacun portait.

Au Burundi, le mot « politique » peut être perçu négativement, certains pensent que l’église n’a pas le droit de se mêler de la politique. Ceci n’a pas facilité l’émergence d’un groupe s’appelant explicitement « fraternité politique ».

Lors de nos weekends ou sessions pour les jeunes, nous avons proposé des thèmes tels que « Ubuntu », des témoignages de pardon et de réconciliation par rapport à l’histoire du pays, des témoignages sur la cohérence de vie d’un chrétien dans le monde. Chaque fois que nous osions nous emparer de ces sujets, ça faisait du bien, une grande soif se faisait sentir chez les jeunes. En octobre 2019, nous avons été encouragés dans ce sens par Francois Michon, supérieur général de la communauté, lors de sa visite.

Depuis deux ans, je communiquais avec Hugues Dubois, le responsable international de la fraternité politique, afin d’échanger sur nos désirs, nos hésitations, l’avancement de notre réflexion. Mon souhait était de parler de « fraternité pour la réconciliation » et non pas de nommer explicitement la fraternité politique. Mais Hugues m’a dit, la réconciliation c’est une question politique. Une révélation pour moi, et la fraternité politique au Burundi est née … avec 45 jeunes.

Nous avons eu deux rencontres, le 21 novembre 2020 (la perception de la politique au Burundi après Jimmy Vyizigiro, un jeune historien burundais)    et le 5 février 2021 (la conscience chrétienne de la politique cas de Thomas More, par Mgr Gabriel Baregensabe)
Il est bon d’entendre nos frères burundais témoigner, nous parler des années passées, de leur vécu, des leçons tirées, comme une transmission aux jeunes qui en ont tant besoin.

Témoignage de Allegra Dushime:

« J’ai étudié la science politique et les relations internationales à l’Université ce qui fait que j’ai un réel intérêt pour la politique. Ensuite, au regard du contexte politique dans lequel j’ai grandi ici au Burundi et dans lequel nous vivons toujours, je me sens vraiment concernée. La politique a une mauvaise connotation et beaucoup de burundais pensent qu’elle ne concerne qu’une certaine « catégorie de personnes ».

En tant que chrétienne et patriote, la fraternité politique a éveillé quelque chose en moi. Je ne suis pas toute seule, il y a aussi d’autres chrétiens qui se sentent concernés par les évènements que vit notre pays. Si nous nous mettons ensemble, nous pouvons contribuer au changement dans le futur.« 

Témoignage de Landry Habimana

« La fraternité politique est la réponse à ce que je croyais impossible.

Je peux  dire que c’est le cadre d’échanges et de débats où toute personne est appelée à manifester ses opinions tout en respectant l’avis ou l’opinion de l’autre, en cherchant à se comprendre

La fraternité politique est comme une réponse à ce que j’imaginais concernant l’histoire de mon pays.

J’ai compris que la politique me concerne alors que je pensais que ce n’était pas pour moi. Je dois faire face et non pas fuir, en gardant la communion avec le Christ.«